ABF 2024 à Toulon : Lire et faire lire, Marie Desplechin

21 janvier 2025 par
ABF 2024 à Toulon : Lire et faire lire, Marie Desplechin
BOUKHARTA Laila - Direction
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Pourquoi faire lire ? Cette question, simple en apparence, s’est imposée à moi comme un fil rouge lors de la conférence de Marie Desplechin au Congrès ABF de Toulon. Avec son énergie et sa capacité à poser des mots justes sur des sujets complexes, elle a bousculé nos certitudes sur la place de la lecture dans nos sociétés. Alors que je prenais des notes fébriles, une réflexion s’est imposée : et si nous étions, parfois, complices de ce que nous dénonçons ?


Depuis quelques années, nous entendons sans cesse des discours alarmistes : la chute du temps de lecture, l’omniprésence des écrans, les jeunes qui ne liraient plus. Marie Desplechin a évoqué ces mots qui font peur – « chute fatale », « catastrophe éducative » – et qui alimentent une forme d’anxiété collective. Mais est-ce vraiment utile de voir le verre à moitié vide ? Un chiffre qu’elle a partagé m’a frappée : 81 % des enfants interrogés disent lire. Ce n’est pas rien. Alors bien sûr, ce n’est peut-être pas la lecture que l’on voudrait idéaliser : certains lisent sur Wattpad, d’autres plongent dans des mangas ou des formats courts. Et alors ? N’est-ce pas aussi une manière de s’approprier le monde par les mots ?


Ce qui m’a interpellée, c’est cette tension permanente entre le temps d’écran et le temps de lecture, comme s’il fallait choisir un camp. Nous sommes tellement pris dans cette opposition que nous oublions parfois une réalité plus subtile : il y a des moments qui ne sont ni lecture ni écran, mais qui ont leur propre valeur. Des moments de rêverie, de création, de discussion – ces parenthèses qui nourrissent aussi l’imaginaire. Marie Desplechin n’a pas dit tout cela explicitement, mais ses mots m’y ont menée. Nous, professionnel·le·s du livre, avons cette tendance à sanctuariser la lecture, à la mettre sur un piédestal, alors qu’il faudrait peut-être simplement lui redonner sa place : un plaisir parmi d’autres, une porte ouverte sur d’autres univers, mais jamais une injonction.


La conférence m’a aussi fait réfléchir à la manière dont nous, bibliothécaires, parlons de la lecture. Ce fameux « pourquoi faire lire » est une question que nous devrions sans cesse nous poser. Pas pour chercher une réponse unique, mais pour rester à l’écoute de nos publics, de leurs besoins et de leurs envies. Faire lire, ce n’est pas faire aimer ce qu’on aime soi-même. C’est accompagner, proposer, ouvrir des chemins, même si ces chemins ne nous mènent pas là où nous l’attendions.


En sortant de cette conférence, j’ai repensé à tout ce que j’avais vu et entendu durant ce congrès. Des discussions sur l’action culturelle, des ateliers sur la transition écologique, et même des rencontres autour du numérique. Tout cela formait un écosystème riche, qui dépassait de loin la seule question du livre pour englober des enjeux plus larges : l’inclusion, la créativité, la diversité. Ces réflexions m’ont donné envie de partager encore plus avec vous, de creuser ces thématiques dans nos prochains articles, et surtout, de vous embarquer avec nous pour le prochain congrès.


Alors si vous êtes curieux·se de ces échanges, si vous voulez explorer avec nous ce que peut être la bibliothèque de demain, restez à l’écoute. Et pourquoi pas, en 2025, venir vivre ces moments avec nous ? Ensemble, nous pouvons continuer à questionner, inventer et réenchanter nos métiers.

Et pour revoir l'intégralité de la conférence de Marie Desplechin à Toulon c'est sur Youtube !

ABF 2024 à Toulon : Lire et faire lire, Marie Desplechin
BOUKHARTA Laila - Direction 21 janvier 2025
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